Je ferai fi des précédents hypothétiques cycles de Wilson, et débuterai l'histoire, pour ce qui nous en intéresse, au début de l'ère secondaire :
période où la dislocation de la Pangée est déjà bien entamée, et dans ce qui va devenir les pyrénées, les reliefs hercyniens sont passablement applanis par l'érosion.
Durant le Trias supérieur (vers -230 MA), la croute continentale se craquèle, créant une limite de séparation entre les blocs ibériques et le reste de la plaque eurasienne.
En outre, vers la fin de l'ère secondaire se déroulent de longues phases de transgressions marines plus ou moins importantes durant lesquelles vont se déposer les séries de sédiments carbonatés (calcaires et marnes) qui constituent les massifs calcaires que nous connaissons.
Mais c'est à partir du Crétacé, avec l'ouverture de l'Atlantique Nord que se mettent réellement en place les éléments de la mécanique de l'orogénèse pyrénéenne : le bloc ibérique (déjà désolidarisé du reste de la plaque eurasienne par la fracturation du Trias) va subir une rotation senestre et un coulissement vers l'est, créant l'ouverture du golfe de Gascogne.
Ce mouvement est également accentué par la poussée vers le nord de la plaque africaine à partir de la fin de Crétacé, et durant l'Eocène, cette collision provoquant le plissement de la zone de coulissement et donc la création de la chaine pyrénéenne.
C'est à la fin de l'Eocène que le plissement connait sa phase paroxysmale, avec la mise en place des structures actuelles, le découpage en écailles chevauchantes du versant nord, et le déplacement des nappes de charriage venant glisser sur les gypses du Trias (nappe de Pedraforca versant sud et nappe des Corbières en versant nord) ou les schistes noirs (nappe de Gavarnie).
Bloc diagramme résumant les deux principales étapes de l'orogénèse pyrénéenne (in Géologie du Languedoc Roussillon -J.C.Bousquet, p.69), phase extensive d'abord provoquant le jeu de la faille nord-pyrénéenne, ainsi qu'un phénomène de rifting de part et d'autre de celle-ci, puis phase compressive qui induit les plissements, ecaillages et chevauchements tout au long de la faille nord-pyrénéenne, d'est en ouest.
Pour en revenir à notre problématique, on peut donc en conclure que les masses de calcaires qui nous intéressent sont en place depuis la fin de l'Eocène ou le début de l'Oligocène, et donc accessibles aux phénomènes de karstification depuis une trentaine de millions d'années.
Pour autant, si les structures géologiques sont dès cette époque positionnées, il serait vain d'affirmer que cette paléo-géographie puisse être similaire avec la géographie que l'on connait actuellement ...
Bibliographie :
Jean-Claude Bousquet : Géologie du Languedoc Roussillon (BRGM Editions)
Laurent Jolivet et al. : Géodynamique méditerranéenne (Société Géologique de France - Vuibert)
Webographie :
Jacques Debelmas : conférence pyrénées
Jacques Debelmas : documents méditerranée