'Gai tapant' à Bac Estable

Portrait de francois

date de la sortie: 

Dimanche, 2 Juin, 2013

zone géographique: 

participant: 

Romain Micheletto
Claude et Xavier (Caf Perpignan)
François Figarola

Le titre évocateur de ce compte-rendu est dû au fait que j'en suis presque à culpabiliser d'avoir entraîné Romain dans cette galère ... je l'avais quand même averti vendredi soir, mais probablement pas à hauteur de l'infamie de cette cavité, n'en ayant pas moi-même un souvenir aussi terrible  !

Bref, c'est maintenant acquis : il s'est frotté (doux euphémisme que voilà) à la Faille Thomain, probablement l'aven le plus profond du massif, ou du moins entrant en compétition directe avec le petit barrenc de la Néou (donné pour -130m), puisqu'en ayant levé dimanche la topographie, on atteint (mais à quel prix!!!) la côte -124m.

Pour ceux qui ne connaissent pas, un petit rappel historique s'impose (ou du moins pour ce que j'en connais) :
La cavité est découverte dans les années 1970 par M. Thomain (A.P.S. - Association de Préhistoire et de Spéléologie de Perpignan), et explorée jusqu'à la côte -30m.
Elle est ensuite redécouverte par l'E.S.R. (C. Deit et F. Figarola) en 1979, qui renoncent devant l'étroiture au bas du premier puits (côte -18m).
A partir de 1995, l'exploration est reprise par le Caf Perpignan (P. Deveze, J. Merou et F. Figarola), les deux premiers cités s'acharnant durant de nombreuses séances sur un départ minuscule au bas du second puits (côte -30m) pour enfin parvenir à forcer ce passage clé, et atteindre la côte -115m, où un nouveau rétrécissement les arrête.
Par la suite, sous la houlette de Jacques et Philippe, quelques tentatives sont menées pour forcer ce passage clé, mais les équipes sont difficiles à regrouper (en général, les autres spéléos s'y frottent une fois, et ne veulent plus y retourner ...), sans toutefois y parvenir.
il est alors décidé d'élargir, à la mesure des faibles moyens disponibles, certains passages clés, et une pleine semaine de juillet 2005 est occupée à ouvrir quelque peu le puits d'entrée, l'étroiture de -30m ainsi que celle de -69m qui seront finalement mises à la norme FF d'alors (elle a malheureusement évolué depuis !!!).
Au bout de cette laborieuse semaine, le perfo et les batteries au plomb seront acheminées vers le terminus pour foirer complètement en raison de la défaillance d'une des 3 batteries, ce qui sonnera le glas de la motivation.
A partir de 2010, la mémoire commence à faire défaut, et le Caf Perpignan (notamment sous la conduite de Claude Sarda) se remotive pour reprendre les travaux, avec de nouveaux élargissements (-30m, -69m), et le terminus ... et nous voilà rendus au 2 juin 2013 !

Donc, dimanche, le trou est équipé depuis un an ; Claude et Xavier passent devant, Romain et moi-même suivons en levant la topographie, et alors ... on est enfin passés !!!
Enfin juste pour 7m de mieux puisqu'un nouveau rétrécissement barre toujours la progression, mais derrière les cailloux chutent encore sur 10 à 15m estimés : ce n'est donc pas fini !!!

En attendant la mise au propre de la topo, voici une rapide description du trou :
- P18m : faille de 50cm de large sur 5m, puis on frotte tout le reste.
- méandre de 40 cm de large sur 2m (plus vraiment aux normes FF, qui a renoncé à y retourner pour défaire un nœud, merci Romain !!!)
- P12m, qui frotte tout le long
- étroiture 50cm de large sur 1m de haut pour 3m de long (franchement aggrandie par Claude).
- P11, enfin on arrive à jumarder
- passages étroits dans un éboulis pour atteindre ...
- P26m (puits du moonmilk) qui, non content d'être étroit est tapissé de 5cm de moonmilk bien poisseux
- remontée vers étroiture largement aggrandie (merci le Caf) puis 17m de ressauts sub-verticaux, pas bien larges; et à partir de là, on est soumis à un goutte à goutte constant.
- P21m, relativement confortable ... sur les 10 derniers mètres, et bien obstrué en son fonds.
- passage latéral composé de 3 ressauts de 5 à 7 mètres entrecoupés d'étroitures gentiment élargies (mais tout juste normalisées).

Bref, plus d'une heure de remontée harassante sur une corde gorgée d'eau et de calcite liquéfiée avant de parvenir à retrouver des températures plus clémentes.

Alors, Romain, sans rancune ?