Du rêve à la réalité...

Florian du SCM de Montpellier nous proposa de participer à son camps d'été et faire la traversée Tête Sauvage-La Verna qu'il avait effectuée l'année précédente.

Mardi, avec Michel, nous voilà partis à la Pierre. Eric du GEK devant nous rejoindre le jeudi soir pour faire la traversée vendredi.

Mercredi, Florian nous propose de faire un repérage La Verna- Puits Lépineux.

Du coup à 9h, Stéphane, Michel, Florian et moi-même nous retrouvons devant le fameux tunnel EDF. «  quel courant d'air en ouvrant la porte... »

Après les 700 mètres de tunnel, nous débouchons dans la magnifique et grandiose salle de la Verna que nos éclairages n'arrivent même pas à percer.

Nous allons d'abord voir la cascade. Florian nous confirme que l'on a de la chance de la voir aussi grosse (l'année dernière il avait été déçu de ne voir qu'un mince filet d'eau s'en échapper)... il faut dire que des trombes d'eau se sont abattues la veille et pendant la nuit.

Du coup nous sommes obligés de shunter la rivière dès le départ. Arrivés dans l'immense salle Chevalier, nous remontons, à 40m de hauteur, la rivière sur la gauche. La salle se termine sur une voûte basse que nous sommes à nouveau obligé de shunter 30 m plus haut pour passer à la salle Adélie. « Une vraie galère ce shunt »

Stéphane s'étant fait mal, il décide de rebrousser chemin avec Florian. Le but de la sortie étant de faire une reconnaissance des grandes salles, avec Michel nous décidons de continuer. Il n'est que 12h30 et nous prévoyons de ressortir vers 17h.

Nous descendons dans la salle Adélie, Michel met des balises réfléchissantes à chaque passage sensible. Nous continuons ainsi dans ces immenses salles qui se suivent, pleines d'éboulis, avec parfois des blocs aussi grands que des maisons : Queffélec, le métro, Loubens.

Ce qui est impressionnant c'est le bruit de la rivière : même quand on ne la voit pas, on l'entend gronder en bas des salles.

Arrivés à la salle Elisabeth Casteret, nous devons lire la topo pour trouver la suite. Effectivement un bout de corde de 10m nous indique que nous sommes à Gibraltar. Nous montons donc et atteignons la salle du puits Lépineux avec l'emplacement du bivouac. Il est déjà 15h mais Michel tient absolument à monter au sommet de la salle 50m plus haut afin de voir le puits où Marcel Loubens a perdu la vie à 30 m du sol.

Nous repartons de la salle du bivouac à 15h15. Avec le super balisage de Michel, nous sommes comme sur une autoroute... A 18h, nous atteignons la salle de la Verna et en reprenant tous les shunts de la rivière.

Notre plus belle surprise à l'arrivée fût de trouver la Verna tout éclairée grâce à la présence de 2 groupes de touristes. Il n'y a pas de mots pour décrire l'immensité et la beauté de cette salle.

Près du balcon, nous nous faisons accostés par un guide et devenons de ce fait, l'attraction de son groupe. Nous lui expliquons ce que l'on vient de faire et notre projet de traversée du vendredi: ce qui laisse admiratif les visiteurs. Nous en profitons pour retourner voir la cascade qui a diminuée des 2/3, ce qui est de bon augure pour vendredi.

Jeudi, nous décidons d'aller repérer le puits de la Tête Sauvage. Le temps est magnifique, pas un nuage et le pic d'Anie se dresse majestueusement devant nous. Grâce au 4/4 de Michel nous remontons la piste de ski et allons nous garer à 50m de l'entrée. Une fois le repérage effectué, nous décidons d'aller nous balader dans ce sublime lapiaz. Nous comprenons vite pourquoi l'eau met si peu de temps à s'infiltrer dans le sol. C'est un véritable gruyère que ce plateau de la Pierre Saint Martin.

De retour au camping, nous commençons à préparer les kits pour le lendemain. Stéphane nous apprends que pour des raisons professionnelles, il doit rentrer sur Montpellier avec Florian.

Eric arrive vers 22h et nous décidons de maintenir la sortie comme prévue.

Vendredi 24 juillet, Jour J

5h du mat, branlement de combat...

6h, nous allons déposer le camion d'Eric au parking de la Verna puis nous allons avec le 4/4 de Michel au pied de la Tête Sauvage commencer l'aventure.

Après s'être équipé de tout l’attirail, nous rejoignons l'entrée du puits. J'ai l'impression que mon sac est bien plus lourd que celui que je portais en juin sur le GR20 (qui pesait tout de même 8,5kg) et encore,je n'ai pas mis ma néoprène toute mouillée dedans....Mais les sacs de Michel et Eric sont bien plus lourds avec chacun une corde de 60m dans leur kit...

Il est 7h30 quand Michel entre dans le premier puits de la Tête Sauvage. Il commence à mettre en place le premier rappel, je rentre en deuxième position et Eric rappelle la corde. Nous enchaînons la suite des puits ainsi. Les échelles de perroquets nous ralentissent un peu en emmêlant les cordes...

Nous avons du mal à imaginer que des méandres aussi étroits nous conduirons plus tard à des salles aussi immenses.

A 11h30 nous nous trouvons à -360 devant le soupirail pleine d'eau... nous en profitons pour boire un peu et manger quelques barres protéinées.

Nous voilà fin prêt pour affronter le soupirail, cette étroiture remplie d'eau que l'on passe couché, histoire de rentrer dans le vif du sujet...finalement ça se passe vite et l'eau n'a pas le temps de rentrer dans la combi...

En bruit de fond, nous entendons gronder la rivière, nous commençons à suivre les balises en place dans la salle Cosyns, salle Pierrette, salle Monique, salle Susse

Nous ne traînons pas trop car nous avons tous les 3 en tête l'épopée de Jérôme et son équipe dans le grand canyon et la météo prévoit de la pluie pour 17h.

Nous y arrivons enfin, c'est une galerie très haute et pas trop large où l'eau s'écoule paisiblement sans bruit ni fracas. Parfois même avec nos éclairages, nous ne voyons pas le plafond. Nous marchons dans l'eau à 3° jusqu'au genoux mais il ne fait pas vraiment froid. L'éclairage de Michel montre des signes de faiblesse et nous ferons une petite pause pour changer la batterie, boire et manger un peu. Suit ensuite la galerie des Marmites qui nous mène à un bras de rivère. « cette fois c'est le moment de rentrer dans l'eau »... nous commençons à nous enfoncer, à ne plus avoir pied et à nager... enfin je flotte sans parvenir à me déplacer...Heureusement qu'Eric est là pour me pousser. C 'est long et c'est bizarre il n'y a aucun équipement en place. Nous parcourons une centaine de mètres dans cette eau calme avant d'arriver devant un éboulis. Nous décidons pour la première fois de lire la topo. « eh bien, ce n'est pas par là, nous avons loupé le passage » Nous faisons demi tour dans cette eau glaciale, Eric me poussant toujours et sortons frigorifiés à l'endroit où nous y étions entrés 100m plus tôt.

Marche arrière nous tombons nez à nez avec cette foutue corde... comment était-ce possible d'être passés devant sans la voir ? Pas le temps de se laisser refroidir davantage, nous avons perdu beaucoup de force dans ce bain forcé, mais nous devons continuer avant de ressembler à des glaçons. Nous continuons le parcours:la Grande Corniche, Hidalga avant de revenir à la rivière où cette fois ci le bain est de rigueur...(Une main courante est bien installée mais il ne reste que 4 filins sur la corde...). Ne perdons pas les habitudes... Eric me pousse encore car je n'ai toujours pas réussit à faire un mouvement de brasse dans cette eau glaciale. Nous passons enfin le Tunnel du Vent en nous tractant sur les cordes en place. C'est vraiment magique.

Une fois sortis, Michel décide que nous nous arrêterons plus loin dans un endroit plus sec et moins venteux. Nous continuons jusqu'à trouver une jolie dalle bien plate pour poser notre camp. Il est 17h et nous sommes sortis de « la zone sensible ».

Nous quittons les néoprènes et mettons nos vêtements secs, Michel fait chauffer la soupe, nous mangeons... enfin un peu de repos pour recharger nos batteries. Nous refaisons les sac. Eric et Michel ayant du mal à faire cohabiter néoprènes et cordes dans leur kit...

A 18h, nous repartons pour la suite de l'aventure en sachant que nous ne craignons plus rien des conditions météo extérieures. Nous arrivons ainsi dans la salle de Navarre qui nous laisse sans voix... C'est une immense salle pleine d'immenses blocs... Des blocs posés ici et là, les uns à coté des autres sans pour autant se toucher...nous nous demandons où nous pourrons bien passer...Et ça passe, Michel en bon pisteur suit les balises. Nous escaladons, désescaladons, les sacs sont lourds et font parfois contrepoids...

Nous arrivons enfin au puits Lépineux à 19h30. Nous sommes en terrain connu...Nous regardons à nouveau ce fabuleux trou dans le plafond et faisons la photo au bivouac.

Passé le passage de Gibraltar, Eric peut constater que le balisage de Michel fait mercredi ressemble à une véritable autoroute. Nous refaisons Casteret, Loubens, le Métro, Queffélec et Adélie en nous arrêtant régulièrement pour soulager le dos du poids des sacs. Ce que nous avions fait en 3h deux jours avant nous paraît une éternité maintenant.

Arrivé devant le shunt de la rivière entre Adélie et Chevalier, Michel décide de continuer dans la rivière jusqu'au moment où ça coince... Eric va en repérage et finalement nous décidons de ne pas prendre de risque. Nous faisons donc demi tour pour emprunter l'horrible shunt...

Il est 23h quand Eric monte la première corde du shunt. Les sacs suivent, puis Michel et enfin moi.

Avec la fatigue cumulée, cela dure une éternité avant de se retrouver dans la salle Chevalier.

Nous atteindrons La Verna à 00h15 pour aller admirer de nouveau la cascade dont le débit à encore diminué depuis mercredi soir.

Eric voit la salle pour la première fois et reste admiratif devant tant de grandeur.

Enfin.. il est temps de partir...nous avons fait une superbe traversée en un peu moins de 17h. C'était magique, grandiose, immense...

Nous repartons par les 700m du tunnel EDF et refermons la porte sur cet impressionnant courant d'air.

La traversée de La Pierre Saint Martin est faite.